mardi 10 décembre 2013

Human rights

Ne l'oublions pas, aujourd'hui, c'est la journée des Droits de l'Homme. (Quelle coïncidence de faire la cérémonie d'hommage à Nelson Mandela ce jour là.) Le 10 décembre 1948, les Etats membres de l'Organisation des Nations Unies adoptent la Déclaration Universelle des droits de l'Homme.

Vient la question " quid des Femmes ? " Non mais les Hommes avec un grand H, c'est aussi les femmes, c'est l'humanité toute entière... Mouais... C'est pour cela que je préfère la version anglaise "Human Rights". "Droits Humains", sans excès de féminisme, c'est bien plus clair.

En France, la journée des Droits Humains passe souvent - pour ne pas dire tout le temps - inaperçue médiatiquement parlant. C'est une chose que j'ai réalisé il y a déjà cinq ans de cela. En 2008, je suis partie en Inde avec le C.C.F.D. - Terre Solidaire pour un séjour d'immersion. Nous avons rencontré des gens chargés de projets financés par cette ONG qui est la première en France en matière de développement (Daniel Mermet en parle assez). Elle a pour vocation de lutter contre la pauvreté et les injustices en accompagnant les individus selon un principe : les personnes les mieux placées pour savoir ce dont a besoin un peuple, sont les individus de ce même peuple. Pour être plus imagée, comme on ne coiffe pas quelqu'un en son absence, on ne refile pas ses propres besoins à quelqu'un d'autres. "C'est une question d'efficacité, c'est une question de respect. "

Les projets soutenus par le C.C.F.D. - Terre Solidaire sont montés par les gens du pays. L'injection financière faite par l'ONG permet d'asseoir, conforter et développer ces projets qui à terme, doivent être viables et autonomes. (Oui, l'argent est nécessaire quand on parle d'humanitaire ; il est un moyen est non une fin en soi.)

Le "long terme", maître en matière de développement, me semble souvent manquer de concret aux yeux des gens. Il m'a souvent été demandé : "alors tu as fait quoi en Inde ?". Bien non, je n'ai pas "fait", "j'ai été".

C'est toujours plus simple et clair de dire, par exemple : "Ils ont froid alors on leur donne des couvertures ". Cela devient un peu plus complexe de s'embarque dans : "Il existe une économie locale fondée sur la culture du coton qu'il est important de soutenir et valoriser en pratiquant une politique éthique afin que les producteurs puissent subvenir à leurs besoins". (Attention, je ne dénigre pas pour autant les ONG d'urgence dont l'existence est plus que légitime et qui ont un bien grand mérite. Urgence et développement sont bien évidement complémentaires.)

C'est donc dans ce cadre là que je suis partie en Inde en décembre 2008.


Il faut dire que les droits humains, en Inde, ce n'est pas trop ça. Déjà, la société est divisée en castes dont l'appartenance se fait par la naissance. Elles n'offrent aucune possibilité de mobilité. Au nombre de quatre, les castes sont établies selon le rapport au sacré. La société indienne est apparentée au corps de Dieu. A la tête, les brahmanes, gens de lettres et de religion, sont très purs et sacrés. Les kstryas, gouvernants et gens de guerre, moins purs, sont les bras. Issus des cuisses, les visyas, commerçants et gens d'affaires, restent honorables mais sont bien moins purs. Aux pieds, plus gros ensemble, les sudras sont peu honorables et quasiment pas instruits.

A côté de ce corps, il existe un cinquième groupe paria de la société indienne : les intouchables. Considérés comme impurs, ils sont complètement exclus. L'intouchabilité a été abolie en 1950 mais ça, c'est dans les textes, car dans la réalité les Dalits (nom des intouchables depuis les années 60) sont bannis. Pour prendre juste quelques exemples : ils n'ont pas le droit d'entrer dans les temples, ne puisent pas l'eau au même puits, dans un bar on leur donne un verre jetable ou une noix de coco pour boire, en certains lieux ils ont une entrée différente... et une multitude de signes ne les considérant pas comme des humains. En tant qu'étranger, difficile de percevoir ces différences si on n'est pas initié. Cela vient en renforcer la violence.

L'accès à des droits et à la dignité humaine est un véritable combat comme celui de ces femmes rencontrées à Mumbai dans la structure Créative Handicraft dont les produits sont vendus chez différentes enseignes en France, en Espagne, en Italie et aux USA entre autres.



Créée dans les années 80, le but de cette organisation est l’emploi des Femmes pour leur liberté économique et leurs droits humains. A l'initiative de la fondatrice, cela commence par des cours de couture qui évoluent vers des groupes de production de vêtements, poupées et artisanat qui s'exportent à l'international. Le nombre de femmes ne cesse d'augmenter au cours des années 90 et progressivement elles prennent leur autonomie créant leur propre coopérative.

Voici quelques clichés de cette rencontre qui m'a beaucoup marqué (comme toutes celles que j'ai pu faire là-bas).


La découpe

Les pièces de patron

Une coopérative

Une coopérative

Finitions à la main

Je me souviens que nous avions discuté avec ces femmes autour d'un berlingot de jus de d'oranges lors de leur pause. Nous autres françaises et français aspirions allègrement à la paille alors que ces jeunes femmes, toutes autant qu'elles étaient, avaient gardé leur briquette encore bien scellées à la main.
Mais pourquoi ne boivent-elle pas ? Elles gardent les goûters distribués à la pause pour leurs enfants. C'était toujours ainsi ! Je me souviens à ce moment là m'être sentie maladroite et confuse d'avoir déjà fini ma part sans avoir pris conscience qu'un berlingot de jus d'orange pouvait être un trésor.


Une boutique

J'avoue que je suis bien contente de trouver des fringues à prix bradé en magasin et qu'il m'arrive d'en acheter. Elles entrent dans mon "prix psychologique", celui que je suis prête à mettre pour un article dont je n'ai pas spécialement besoin mais comme il n'est pas cher, c'est l'occasion.
Et le "prix éthique" ? J'y tends de plus en plus en limitant ma consommation, en regardant l'étiquette et en me tenant informée. Le Collectif l'éthique sur l'étiquette mène des actions pour le respect des droits humains au travail en demandant aux marques, essentiellement dans le textile, de veiller aux conditions de production des articles qu'elles vendent. Nous voulons tous pouvoir vivre de notre travail.

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